Festival Off d'Avignon: l'autre enjeu national
Festival Off d'Avignon: l'autre enjeu national
"L'existence précède l'essence" disait Sartre. C'est probablement la meilleure définition que l'on peut donner du Festival Off d'Avignon. Ainsi la structure Avignon Festival et Compagnies ne fait qu'encadrer un phénomène qui lui préexiste. Ce dernier existe depuis près de 50 ans à Avignon et s'est inventé en marge du Festival d'Avignon officiel: le In.
Personne ne programme le Off, donc personne ne peut le déprogrammer. Ce qui fait l'actualité aujourd'hui est l'incertaine tenue du Festival "In" d'Avignon. Mais il est un festival d'Avignon qui se tiendra coûte que coûte, c'est le Festival "Off" selon les dires du Président de l'association Avignon Festival & Compagnies (AF&C), Greg Germain. Car il est une autre actualité passée inaperçue aux yeux de l'opinion, c'est la hausse fulgurante, au fil des ans, des représentations du Off. En 2013, c'est 1307 spectacles qui devraient se produire en Avignon (alors qu'il n'y en avait "que" 600 en 2000). Ce nouveau record est à la fois rassurant comme préoccupant.
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Rassurant, puisque cela démontre que le Festival d'Avignon reste le premier festival de spectacle vivant, attirant toujours plus de compagnies et de programmateurs. Mais néanmoins très préoccupant, car le Festival Off est au bord de l'implosion. Il faut donc le réformer, l'améliorer, le pérenniser. Cette réforme se fera au service des compagnies, des intermittents mais aussi de la ville d'Avignon et de ses habitants.
La première des mesures devrait concerner l'association du Off elle-même (AF&C) qui ne reçoit pour l'heure aucune subvention. En contrepartie d'une aide financière - qui lui permettrait de mieux remplir ses missions et d'en assumer de nouvelles - elle pourrait accueillir dans son conseil d'administration les tutellesf: collectivités territoriales et ministère de la Culture. Elle serait ainsi en mesure, enfin, de ne plus subir mais d'anticiper le développement du "Off". Ce festival, est devenu une espèce d'hippogriffe indomptable qu'il convient de mieux apprivoiser.
Le modèle du Festival d'Edimbourg doit être un exemple inspirant. Dans la capitale écossaise, les acteurs locaux et nationaux se sont en effet mis tous autour de la table pour élaborer une stratégie d'avenir, conscients des dangers de demain. Ces dangers sont là à Avignon, et prennent la forme d'une concentration trop forte dans l'espace et le temps. Le risque est celui d'une implosion économique sur la période du festival. Avec comme corollaire un abandon de rues entières hors période de festival, un désert économique débordant de théâtres éphémères vidés. Sans oublier de grandes nuisances pour la population durant la manifestation. La spéculation festivalière est un fait (le créneau horaire dans certaines salles peut atteindre 15.000 euros pour la durée de la manifestation). Là encore, les acteurs locaux peuvent agir.
Créer une coordination des festivals estivaux dans un Etablissement Public de Coopération Culturelle (EPCC) est une solution d'avenir, permettant d'envisager la soutenabilité du Festival d'Avignon grâce, entre autres, à sa déconcentration dans l'espace (sortir le festival de l'hyper centre d'Avignon) et dans le temps (allonger la durée du festival pour qu'il couvre au moins quatre week-end).
Mais il est d'autres actions qui doivent replacer le Festival comme un acteur social de premier plan, comme le premier des vecteurs de diffusion culturelle et d'éducation populaire. Favoriser l'accès à la culture des populations les plus précaires (notamment les jeunes) ou faire de la manifestation une manifestation verte capable de mobiliser les énergies dans la valorisation des déchets (50 tonnes de tracts par an) ou des déplacements propres entre les nombreux théâtres sont encore des défis que le "Off" et les acteurs locaux peuvent relever.
Une réunion publique ouverte à tous, organisée par Terra Nova 84 et La Provence, se tiendra ce vendredi 27 juin avec Greg Germain, président d'Avignon Festival et Compagnies pour réfléchir à l'avenir du OFF.
18 h 30 au cinéma le Capitole, 2 rue Pourquery de Boisserin, Avignon
Ce texte est signé Jean-François Cesarini, Paul-Roger Gontard, Pierre Magny, Allan Rochette pour Terra Nova 84, et Joël Rumello pour La Provence. Vous pouvez retrouver l'intégralité du Rapport Terra Nova 84-La Provence ici.
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